Il y a peu se tenait à Paris le Salon du Jeu 2006, présenté dans les divers prospectus comme le "Monde du Jeu".
Dans le contexte rolistique actuel où la pratique du jeu de rôle traditionnel se perd au profit des jeux virtuels, petits provincial en manque de nouveauté que je suis, j'emmenais Chant des Songes et Lazare dans mes bagages pour une virée ludique dans la capitale.
Confiants et joyeux, notre prise de contact avec le lieu se fit dans la bonne humeur, et un amusement certains. Rythmés par les récits d'aventures imaginaires et les costumes japanisés de la fibre rolistique actuelle, nous parviment devant les portes de ce qui nous figurait déjà un très bon moment à venir.
Peu de file d'attente, qu'à celà ne tienne, nous serions d'autant plus tôt à l'intérieur.
Enfin.. les tickets achetés, nous pénétrons dans le saint des saint, et s'offre à nos yeux une vision de plaisir. Massive, colorée, dynamique, et surtout, surpeuplée, se tenait devant nous la dernière table du Games Day GW, apportée sur le stand du même fabriquant britannique du jeu de figurine le plus joué au monde.
L'assaut titanesque d'une cité d'hommes-lézards aux inspirations mayas, par une horde grouillante de skavens nous laissa de longs instants rêveurs. La finesse des détails, des positions, et des multiples petites histoires contées sur cette simple table méritait bien une éloge.
Derrière ce stand coloré, un gardien de poil et de résine nous narguait de sa haute taille, et surveillait le stand Rackham, crocs et lames dehors. Un wolfen taille réel, rien que pour le plaisir des yeux, moulé en résine. L'afflux de personnes sur ce même stand ne nous permit pas de nous y mêler plus que celà, mais nous pûmes remarquer de nombreuses tables de jeux occupées...
Encouragés par ces entremêts, nous poursuivimes notre découverte, alléchés...
Et nous tombèrent de haut...
Perdus, cachés, planqués, coincés entre le mur de la salle et le stand des reconstitutions de batailles historiques, quelques maigres stand consacrés aux jeux de rôles, quelques associations perdues et désabusée proposant qui leurs soirées à thèmes, qui leur jeu de rôle devenu professionnel...
Nous étions loin des stands plantureux, aux étals couverts de livres aux titres alléchant...
Inquiétés, nous avons déambulés plus avant... Le GROG et la FFjdr se faisaient face, comme un chien sage surveillant son ascendant vieillisant... Si peu de personne sur ces stands qu'on les eu pu croire désertés...
Nous éloignant, nous eûmes toutefois un espoir. Bien que fort similaire à celui déployé à la GenCon parisienne, l'espace de 7e Cercle nous rassuras. Enfin des ouvrages, enfin des passionés, mais si peu de nouveautés.. Rah, rageant !
Quelques livres du Monde des Ténèbres plus tard, éparpillés sur un stand dont j'ai oublié le nom, la vérité éclata à notre regard...
Musique, danses, images aux couleurs vives et saccadées... Alors qu'une cohorte de sauvages armés de bâtons recouverts de papier allu, et de jeunes filles aux jupes plus courtes que seyantes hurlaient des syllabes incompréhensibles... "Na-rou-to ! Dé-Bé-Zed !" et j'en passe et des meilleurs...
Des souvenirs me revinrent alors d'une semblable assemblée à la Japan Expo, un salon consacré au monde japonais et à ses dérivés en vogue en france.
Le principal général de cette invasion : un dénommé Manga.
Et c'est lui qui était à l'honneur... Bien sûr, je ne suis pas si ignorant, je me suis par le passé renseigné sur la façon de jouer à Manga. Chant des Songes, dans sa grande gentillesse, m'enseigna la terrible vérité alors : Manga n'était pas un jeu, mais une bande dessinée qu'on lit à l'envers, aux dessins forts loin du soucis de réalisme...
Chacun ses goûts, comme je dois bien l'avouer, les miens m'éloignant de ce genre de choses sans toutefois renier leur potentiel oisif.
Et là, sous mes yeux ébahis, j'observais les fanatiques du général Manga danser leur sarabande de victoire. Ils avaient vaincu. Leur offensive poussée sur le marché français avait payé.
Bien installé dans une partie aérée du salon, près des deux cafétérias ouvertes, des stands d'icônes du Général Manga, en passe d'être déifié...
Perdu, inquiété, j'en aurais presque préféré me trouver chez moi, bien assis dans un fauteuil, et n'avoir pour seule lecture que le Guide du Maître 4.656 de D&D...
Hélas.. Où que je tourne mon regard, des images de japanimation prenaient le pas sur le jeu lui-même, et ni le renouveau programmé de Magic, et les maigres stand de jeux vidéos en ligne ne purent effacer ce sentiment...
Le Manga s'était invité au Salon du Jeu...
Hors, qu'est-ce qu'une bande dessinée japonaise a de jeu ? Je m'interroge encore.
Sans plus chercher, nous quittèrent cette assemblée, regrettant amèrement la GenCon qui avait su nous captiver, et craignant secrètement cette vague mercantile sur le point de tout dévaster...